Le manioc en Côte d’Ivoire
Avec en moyenne 2,5millions de tonnes produits par an, la filière du manioc se résument en 3 activités, indique Germain Yao (Directeur des études et de l’information économique à la chambre de commerce et d’industrie (Cci) d’Abidjan). La production, la transformation et la commercialisation.
En Côte d’Ivoire, une dizaine de variétés sont cultivées. Sur des sols généreux tout comme des sols peu fertiles, le tubercule résiste aux conditions climatiques sévères. Abidjan, la capitale économique alimente le marché national avec 34% de la production. Suivie par la région de Gbêkê (centre nord) avec 18%. La région de la Marahoué (centre ouest) et celle de la Comoé (est) ferment la marche avec respectivement 11 % et 9 % de la production nationale.
Malgré les bonnes conditions de production, le rendement est encore faible. En moyenne, la Côte d’Ivoire produit 7 tonnes à l’hectare. Relativement faible par rapport à l’Amérique et à d’autres pays africains.
Le manioc est le 3e aliment riche en calorie après le riz et le maïs. C’est l’un des aliments les plus consommés à cause de sa diversité de transformation. Le tubercule est transformé en farine, en semoule, en fécule,et en tapioca. Le format le plus connu est l’attiéké. Sa fabrication est faite par plusieurs petites unités semi-artisanales ou artisanales, souvent même familiales ( bien plus importante que la production industrielle).
Au plan de la commercialisation, le manioc à l’avantage d’être vendu des feuilles aux racines. Une fois transformés, les produits sont consommés dans les grandes villes. Beaucoup plus au plan national qu’à l’extérieur.
Mais de plus en plus, les dérivés du manioc sont recherchés et demandés à l’international. 4 principaux groupes sont exportés. La racine (appelée aussi cassave ou tubercule de manioc), le fécule, la semoule (gari, attiéké) et le Tapioca. Ces deux derniers dérivés constituent plus de 85% des exportations annuelles sur les 5 dernières années. Et on les retrouve dans certains pays américains, canadiens et dans les pays de l’Uemoa.
Quels obstacles au développement de la filière ?
Les premières difficultés sont liées à l’accès difficiles aux variétés améliorées. Des centres de recherches autour du manioc existent. Ils ont pour mission d’améliorer le rendement en introduisant des tubercules de qualité supérieure. Seulement, il y a un écart de connaissance entre les « chercheurs » et les planteurs, bien souvent analphabètes.
Le problème de conditionnement est bien réel. Surtout pour les racines. « Il n’existe pas encore de chambres froides capables de les conserver sur 3 mois » regrette Germain Yao, de la chambre de commerce de Côte d’Ivoire. A cela faut ajouter, des difficultés d’acquisition d’équipements modernes. Toutes la chaîne de production est faite en grande partie avec des moyens archaïques. Une chaîne de production floue et pas suffisamment organisée. « La répartition du travail n’est pas clairement définie », se plaint un expert.
Les obstacles sont du domaine de la commercialisation. Ils sont surtout liés aux Infrastructures routières. Du coup il existe une réelle difficulté pour porter le manioc récolté depuis les zones rurales jusqu’aux zones urbaines. La logistique est un frein. Les camions utilisés ne sont pas toujours adaptés pour transporter le manioc dans des conditions idoines et de sécurité.
Dernière difficulté, la « méconnaissance des produits dérivés sur le marché international ». La grande partie de la communication agricole est tournée vers le cacao et le café. Pas de « bourse du manioc ».
Des Perspectives ?
Le ministère de l’agriculture envisage augmenter la production du manioc jusqu’à 3 millions de tonnes par an. Et cela passe systématiquement par l’amélioration des techniques de stockage. Mais au-delà de simple espérances et de recommandation il y a urgence de prendre à bras le corps les difficultés liées à la filière et d’y apporter des solutions concrètes et immédiates.
Ce que j’en pense
Le manioc est finalement un tubercule que l’on devrait promouvoir pour plusieurs raisons.
La première est qu’il pourrait contribuer à l’autosuffisance alimentaire. Il se consomme des feuilles à la racine.
La deuxième raison est économique. C’est une opportunité de pouvoir industrialiser tous les produits dérivés. En intégrant une vraie politique de commercialisation (en interne et à l’externe), le manioc et ses produits dérivés peuvent se vendre. Et bien se vendre.
En plus, pour une denrée qu’on peut cultiver et transformer dans n’importe quel endroit du pays, ce sont des emplois qui pourraient en découler. Une réelle valeur ajoutée.